Après la sentence prononcée par l'ange sur les habitants de la terre, Jean reçoit l'ordre d'une voix venant du ciel de prendre le livre que celui-ci a dans sa main et de le manger. L'ange se conforme à l'ordre de la voix et prévient Jean des effets que l'ingurgitation du livre aura sur lui. "Il sera, dit-il, amer dans ton ventre et doux comme du miel dans sa bouche." Jean fit ce qui lui était demandé et les choses se produisirent en lui comme il lui avait été annoncé.
L'ingurgitation du livre par Jean témoigne de l'expérience qui fut celle de tous les prophètes de Dieu. Etre prophète de Dieu n'est pas simplement être son porte-parole. Un porte-parole se limite à rapporter les propos de l'autorité dont il est le mandataire. Il est juste une voix qui parle, sans plus. Le prophète de Dieu n'est pas qu'un support humain pour la transmission de la Parole de Dieu. Le message dont il est porteur n'est pas détaché de lui, mais un avec lui. Il se doit de l'ingérer, de l'assimiler de manière à ce qu'il pénètre en lui et que lui-même en ressente les effets dans son propre être. Jérémie témoigne de cette réalité. Il n'a pas seulement entendu la parole, le message que Dieu lui demandait de communiquer. Il l'a dévoré. Les paroles de Dieu ont provoqué en lui de l'allégresse, elles ont fait la joie de son coeur : Jérémie 15,16. Ailleurs, il dit qu'elles ont en lui l'effet d'un feu dévorant qu'il n'arrive pas à contenir : Jérémie 20,9. Ezéchiel, quant à lui, a vécu la même expérience que Jean, mis à part la différence d'effets. Il a ressenti l'ingurgitation du livre comme quelque chose de doux à son palais, sans ressentir d'amertume dans son ventre : Ezéchiel 3,3. Quoi qu'il en soit, il est impossible d'être un véritable héraut de Dieu sans être soi-même impacté par le message que l'on est appelé à transmettre. Le message et le messager ne sont pas dissociables. La parole reçue doit passer par la bouche, être mastiquée, méditée pour toucher ensuite et affecter l'être intérieur. C'est alors qu'elle vivifie et fortifie, comme le font les aliments pour le corps.
S'il est toujours agréable de méditer la Parole de Dieu, l'effet secondaire de la méditation peut conduire celui qui la pratique à une profonde affliction. Dieu le rend sensible à l'état de son peuple ou à l'état du monde. Il l'avertit des châtiments et des jugements qui vont venir. Il jette son serviteur sur ses genoux ou le pousse à se lamenter, à pleurer ou à prophétiser avec force. La parole de Dieu ne nous laisse jamais stoïque ou de marbre. Si c'est le cas, c'est que nous n'avons pas pris le temps nécessaire pour l'assimiler, la mâcher, la ruminer. La force du prédicateur ne vient pas de son éloquence, mais de l'unité intérieure qu'il vit avec le message dont il est le porteur. Que Dieu nous donne, à nous qui sommes appelés à ce ministère, cette unité fusionnelle avec le message que nous sommes appelés à transmettre.
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